Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada
Symbol of the Government of Canada

Liens de la barre de menu commune

Ateliers du CRSNG sur les PHQ – Rapport final

Présenté par Kaufman Thomas and Associates Juillet 2002

Table des matières

  1. Contexte
  2. Structure des ateliers
  3. Observations générales
  4. Sommaire des discussions
    1. Renforcer nettement la capacité des établissements
    2. Remédier à l'insuffisance de l'aide financière aux étudiants
    3. Accroître le bassin de personnes hautement qualifiées éventuelles dans le circuit de l'offre
      1. Renforcer l'éducation en sciences et en mathématiques aux niveaux primaire et secondaire
      2. Stimuler le recrutement et la poursuite des études dans l'ensemble du système
      3. Accroître le nombre d'étudiants étrangers et d'immigrants qualifiés (voir la section 2)
      4. Favoriser la participation des membres de groupes sous-représentés et de personnes sous-employées au sein du système
    4. Renforcer et promouvoir les sciences naturelles et le génie dans l'ensemble de la société canadienne
    5. Faire connaître davantage le CRSNG et ses programmes
    6. Réduire la durée des études supérieures
    7. Accroître la coordination et la communication entre les principales parties intéressées
    8. Renforcer la relation entre l'industrie et les milieux universitaires
    9. Accroître et renforcer la capacité de l'industrie
    10. Préciser la gamme de compétences requises des personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie au cours des dix prochaines années
  5. Problèmes régionaux
  6. Conclusions

Lettre de Kaufman Thomas & Associates

Monsieur Tom Brzustowski
Président
Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada
350, rue Albert
Ottawa (Ontario) K1A 1H5

Monsieur,

Le cabinet d’experts-conseils Kaufman Thomas and Associates (KTA) est heureux de vous présenter le rapport ci-joint fondé sur les propos tenus lors des ateliers régionaux que nous avons animés en mai et en juin 2002. Le document reflète le foisonnement d’idées et de suggestions offertes par plus de 300 intervenants d’horizons variés qui ont pris part aux ateliers. Ensemble, ils ont su brosser un tableau remarquablement cohérent des obstacles et des possibilités à examiner en vue d’augmenter considérablement le nombre de personnes hautement qualifiées (PHQ) en sciences naturelles et en génie d’ici 2010.

Le CRSNG a fait appel à sa communauté d’intervenants en vue de préciser comment il pouvait modifier ses politiques et ses programmes afin de répondre aux besoins prévus en matière de formation de PHQ d’ici 2010. Nous croyons que la communauté a bien fait valoir ses idées, et ce, d’une façon positive. En effet, elle a donné un mandat clair au CRSNG concernant les mesures qu’il doit prendre en lui fournissant une liste impressionnante de suggestions concrètes et un éventail de possibilités à explorer en marge de son mandat actuel.

Si vous avez des questions sur le rapport, n’hésitez pas à communiquer avec moi pour que nous puissions en discuter davantage.

Je vous remercie de nous avoir donné l’occasion de participer à cette initiative et vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.

Jim Thomas
Partenaire
Kaufman Thomas and Associates

Sommaire

En février 2002, le gouvernement fédéral a lancé la Stratégie d’innovation du Canada, laquelle engage le Canada à se classer d’ici à 2010 parmi les cinq premiers pays du monde en ce qui concerne les dépenses en recherche-développement (R et D) par habitant. Il sera possible d’atteindre cet objectif uniquement si l’on augmente considérablement le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie. Selon les estimations du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), environ 100 000 personnes hautement qualifiées supplémentaires seront requises au cours des dix prochaines années.

En mai et en juin 2002, le CRSNG a organisé à la grandeur du pays cinq ateliers d’une journée afin que les participants puissent déterminer comment le CRSNG pourrait modifier ses politiques et ses programmes pour aider à répondre à la demande prévue de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie. Les ateliers régionaux ont attiré plus de 300 participants d’horizons variés, notamment des étudiants des 2e et 3e cycles, des professeurs et des administrateurs d’université ou de collège, des chefs de file de l’industrie ainsi que les représentants des ministères et d’organismes provinciaux et fédéraux compétents.

La plupart des participants ont accepté les prévisions établies par le CRSNG relativement à l’ampleur de la demande de personnes hautement qualifiées et souligné l’urgence de relever le défi, ce qui suppose toutefois que l’industrie soit en mesure de réaliser les objectifs de la stratégie d’innovation et de générer par le fait même la demande connexe – certains participants ont toutefois exprimé leur incertitude concernant cet aspect.

Les participants aux ateliers ont tracé un portrait remarquablement cohérent des obstacles et des défis auxquels il faut s’attaquer pour répondre à la demande prévue. Parmi les défis les plus urgents mis en évidence, mentionnons la capacité inadéquate des établissements (universités et industrie); l’insuffisance des fonds à la disposition des étudiants et des professeurs, la difficulté à attirer et à retenir les personnes hautement qualifiées, l’augmentation du temps requis pour mener à bien des études supérieures et un manque de coordination entre les principales parties intéressées.

Les participants considèrent qu’il faudra procéder à des transformations véritables dans l’ensemble du système pour relever ces défis – des changements qui feront intervenir plusieurs parties intéressées. D’après eux, le défi le plus grand qui s’impose pour réaliser les objectifs quant à l’augmentation du nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie sera peut-être d’amener les parties intéressées à poursuivre un but commun et à coordonner leurs activités.

À mesure qu’ils commençaient à discuter des solutions, les participants se sont efforcés d’établir le profil des personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie requises pour répondre à la demande prévue. À leur avis, on aura besoin de personnes possédant une formation et une expérience d’enseignement très variées. En outre, les participants ont indiqué que les personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie devront être des spécialistes dans plusieurs disciplines et posséder des compétences dans des domaines tels que les communications, la gestion et le développement commercial.

Tout au long des ateliers, les participants ont proposé plusieurs mesures concrètes qui permettraient au CRSNG d’aider à accroître le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie. Certaines suggestions mettaient l’accent sur des domaines où le CRSNG pourrait prendre des mesures directes pour modifier ses programmes, ses politiques et les niveaux de financement de manière à attirer et à retenir un plus grand nombre de ces personnes. De nombreux participants ont encouragé l’organisme à élargir le Programme de bourses de recherche de 1er cycle, à accroître le nombre de bourses d’études supérieures ainsi que leur valeur et à porter l’appui à la recherche à un niveau se rapprochant davantage de la concurrence internationale, afin que les professeurs puissent venir en aide à un nombre accru d’étudiants des 2e et 3e cycles grâce à leurs subventions. D’autres ont insisté sur les domaines où le CRSNG pourrait jouer un rôle indirect en usant de son influence ou en aidant à coordonner les activités d’autres intervenants, par exemple, en redoublant d’efforts au chapitre de la promotion des sciences et en trouvant des façons d’influer sur l’éducation aux niveaux primaire et secondaire et d’améliorer la qualité de l’éducation en sciences et en mathématiques au Canada.

En plus de donner au CRSNG un mandat pour agir, les participants aux ateliers lui ont fourni une liste impressionnante d’idées préconisant des mesures par lesquelles l’organisme peut faire avancer les choses à court terme et à long terme et en lui proposant un éventail fascinant de possibilités à explorer en marge de son mandat actuel. Le rapport qui suit fait état des résultats très intéressants issus de ce dialogue et jette ainsi les bases d’un cadre d’action.

  1. Contexte

    En février 2002, le gouvernement fédéral a lancé la Stratégie d’innovation du Canada. Présentée dans deux documents, cette stratégie établit les buts et objectifs à atteindre ainsi que les étapes à franchir pour favoriser la croissance économique et le développement social au cours des dix prochaines années en déployant un nouvel effort dans le but de stimuler l’innovation au Canada.

    La stratégie d’innovation engage le Canada à se dépasser pour se classer d’ici à 2010 parmi les cinq premiers pays du monde en ce qui concerne les dépenses en recherche-développement (R et D) par habitant. Le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) estime que l’on pourra atteindre cet objectif uniquement si le secteur privé augmente de 20 milliards de dollars par an ses dépenses en R et D. Il en est par ailleurs arrivé à la conclusion qu’environ 100 000 personnes hautement qualifiées supplémentaires seront requises au cours des dix prochaines années compte tenu de cette forte augmentation des dépenses en R et D. Ce nombre s’ajoute aux quelque 20 000 titulaires de doctorat qu’il faudra engager pour remplacer les professeurs d’université qui partiront à la retraite, dont environ 7 000 dans le domaine des sciences naturelles et du génie; plusieurs milliers de titulaires d’une maîtrise ou d’un doctorat pour remplacer les spécialistes en sciences et en génie du secteur public qui feront de même; et un nombre inconnu pour remplacer les employés de l’industrie qui partiront à la retraite1. Selon sa planification, le CRSNG estime qu’il faudra doubler d’ici à 2010 le nombre de diplômés en sciences naturelles et en génie.

    Quelles mesures du CRSNG peut-il prendre pour aider à faire face à cette augmentation? Afin d’aider à répondre à cette question, l’organisme a organisé cinq ateliers à la grandeur du Canada à la fin du printemps 20022 pour que les représentants des universités, des collèges, de l’industrie, des administrations publiques et d’autres parties intéressées puissent exprimer leur point de vue. Les ateliers visaient à compléter et à appuyer la vaste consultation menée par Industrie Canada à l’égard de la stratégie d’innovation.

    Le présent rapport résume les principales constatations et conclusions issues des ateliers du CRSNG. Il sera distribué à un large éventail de destinataires, dont les participants aux ateliers, Industrie Canada, d’autres ministères et organismes fédéraux ainsi que les membres du Conseil et des comités permanents du CRSNG. Au moment d’élaborer et de mettre en œuvre de nouvelles politiques et de nouveaux programmes pour tenir compte de l’augmentation prévue de la demande de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie, le CRSNG examinera attentivement les suggestions et les commentaires formulés à l’occasion des ateliers.

  2. Structure des ateliers

    Tous les ateliers étaient structurés de la même manière. La séance du matin mettait l’accent sur les défis à relever pour accroître considérablement le nombre de personnes hautement qualifiées d’ici à 2010. Cette séance débutait par une présentation de M. Tom Brzustowski, président du CRSNG, qui faisait ressortir l’ampleur du défi à relever3. Deux conférenciers de l’industrie et du milieu universitaire de la région prenaient ensuite la parole sur les grandes questions et les préoccupations liées à la démarche à entreprendre pour relever ce défi4. Après les présentations de la matinée, les participants se réunissaient en petits groupes pour recenser et établir la priorité des principaux défis selon leur point de vue. Les résultats des discussions en petits groupes étaient ensuite présentés en séance plénière.

    À chaque atelier, le recteur d’une université a prononcé une allocution à l’heure du déjeuner5. Au cours de la séance de l’après-midi, qui visait à trouver des solutions aux défis mis en évidence le matin, les participants se réunissaient en petits groupes pour déterminer les mesures que le CRSNG pourrait prendre pour surmonter ces obstacles et pour accroître considérablement le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie. En séance plénière, les participants présentaient ensuite leurs constatations et discutaient des thèmes qui revenaient le plus souvent. L’animateur de la séance et le président du CRSNG clôturaient chaque séance en dégageant l’essentiel des propos entendus tout au long de la journée.

  3. Observations générales

    Les ateliers régionaux ont attiré plus de 300 personnes d’horizons variés, notamment des étudiants de 2e ou 3e cycle, des professeurs et des administrateurs d’université ou de collège, des chefs de file de l’industrie ainsi que les représentants des ministères et organismes provinciaux compétents et d’autres parties intéressées. On a observé un degré encourageant de consensus entre les participants quant aux défis et aux possibilités qui attendent le CRSNG et ses partenaires dans la démarche destinée à atteindre les objectifs établis dans la stratégie d’innovation fédérale.

    D’entrée de jeu, la grande majorité des participants ont accepté les prévisions établies par le CRSNG relativement à l’ampleur de la demande de personnes hautement qualifiées au cours des dix prochaines années. Par ailleurs, en toile de fond, l’incertitude subsistait quant à savoir si l’industrie a la capacité de relever le grand défi de l’innovation et de créer la demande prévue de personnes hautement qualifiées. D’après les participants d’Halifax, la demande sera différente d’une région à une autre. Ils estiment, par exemple, que la demande dans les provinces de l’Atlantique sera inférieure à la demande nationale et qu’elle se limitera à certaines industries. Les participants de Calgary prévoient que la demande variera d’un secteur à un autre.

    Plusieurs observations quant au profil des personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie qui seront requises pour répondre à la demande prévue revêtent une importance particulière. La plupart des participants s’entendent pour dire que les futurs diplômés en sciences naturelles et en génie devraient avoir la capacité d’embrasser plusieurs disciplines, posséder des compétences dans des domaines tels que les communications, la gestion, le leadership et le développement commercial. Ils s’entendaient également sur le fait que la demande future de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie exigera un large éventail de compétences et de connaissances. Nombre de participants, particulièrement des représentants de l’industrie, ont indiqué que les personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie les plus en demande seraient les titulaires d’un baccalauréat ou d’une maîtrise plutôt que d’un doctorat. Le défi se trouve plus facile à gérer du fait qu’une formation au niveau du doctorat ne serait pas exigée dans le cas de la plupart des personnes hautement qualifiées dont l’industrie aura besoin.

    Les participants s’entendaient généralement sur le fait que des changements vastes et profonds s’imposent dans tous les secteurs associés à l’offre et à la demande de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie. Ils ont continué de souligner qu’il ne suffira pas de faire quelques modifications pour obtenir les résultats escomptés: on devra procéder à des transformations véritables. Les participants s’entendent également sur la nécessité d’accroître la coordination et la collaboration entre les parties intéressées. Ils ont invité toutes les parties intéressées, dont le CRSNG, à faire montre du leadership et de l’innovation nécessaires pour apporter les changements audacieux qui s’imposent.

    Au cours des ateliers, les participants ont proposé des modifications que le CRSNG pourrait apporter à ses politiques, à ses programmes et à sa capacité de financement pour aider les universités à doubler le nombre de diplômés d’ici à 2010. Ils ont également invité l’organisme à jouer un rôle plus prépondérant dans plusieurs domaines ne relevant pas directement de son mandat. Tout en reconnaissant que le CRSNG, en sa qualité d’organisme fédéral, n’est pas partie prenante dans l’éducation, qui est un domaine de compétence provinciale, les participants l’ont encouragé à user de son influence pour aider à susciter les vastes changements requis dans l’ensemble du système d’éducation afin d’accroître le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie au Canada.

    La plupart des discussions s’inscrivant dans le cadre des ateliers mettaient l’accent sur le système universitaire et sa capacité à accroître le nombre de diplômés dans les domaines où la demande est le plus élevée, ce qui reflète en grande partie les intérêts et l’expérience des participants. Au cours des ateliers, les participants ont mentionné à l’occasion d’autres sources de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie, notamment les spécialistes formés dans les centres de formation technique et les collèges, les étrangers hautement qualifiés, les Canadiens qui reviennent de l’étranger ainsi que les personnes, sur le marché du travail ou non, nécessitant des possibilités de perfectionnement professionnel.

  4. Sommaire des discussions

    Les participants aux ateliers ont mis en évidence un éventail de défis et de possibilités que présente le doublement du nombre de diplômés en sciences et en génie d’ici à 2010. Alors que certaines questions et suggestions qui sont ressorties se rapportent directement au CRSNG, un grand nombre mettent à contribution d’autres parties intéressées, dont l’industrie, le milieu universitaire ainsi que les administrations fédérale et provinciales. Invités à mettre l’accent sur le rôle que le CRSNG pourrait jouer en aidant à relever le défi de l’augmentation du nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie, les participants ont mentionné deux grands domaines.

    Le premier est axé sur les mesures directes que le CRSNG pourrait prendre pour modifier les programmes, les politiques et les niveaux de financement actuels dans le but d’accroître le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie – des mesures qui sont du ressort du CRSNG et relèvent de son mandat. Le deuxième domaine vise les mesures indirectes que le CRSNG pourrait prendre pour susciter des changements dans des sphères sur lesquelles il n’a pas directement prise. Dans ce dernier cas, les participants ont encouragé le CRSNG à faire ce qu’il peut pour influencer les autres parties prenantes au circuit de l’offre de personnes hautement qualifiées afin de promouvoir les changements voulus au sein du système.

    La liste des défis et des possibilités établie à l’issue des discussions jette les bases d’une stratégie multipartite visant à accroître considérablement le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie au cours des dix prochaines années. Le présent rapport met l’accent sur les domaines où les participants considèrent que le CRSNG doit jouer un rôle. Les possibilités et les défis recensés ont été résumés et regroupés ci-après. Ils sont classés selon l’importance ou l’urgence que leur attribuent les participants.

    1. Renforcer nettement la capacité des établissements

      Défis

      Les participants aux ateliers, en particulier ceux provenant du milieu universitaire, estiment que les universités comportent des limites sur le plan des possibilités. À leur avis, l’insuffisance permanente au chapitre du financement a entraîné une réduction constante de la capacité des infrastructures matérielles ainsi que de la capacité d’enseignement. Les établissements se sont ainsi trouvés contraints d’augmenter le nombre d’étudiants par classe, d’accroître la charge d’enseignement et de réduire le temps en laboratoire, en particulier pour les étudiants du 1er cycle. Nombre de participants considèrent que la qualité de l’éducation en souffre, notamment au 1er cycle.

      Les participants ont laissé entendre que les établissements fonctionnent à pleine capacité ou même au-delà et qu’ils ne peuvent par conséquent accueillir davantage d’étudiants pour répondre à la demande accrue sans nuire encore plus à la qualité. Les participants du système collégial ont réitéré ce message, en particulier au cours de l’atelier de Montréal, où ils ont fait état de pressions similaires dans le réseau des cégeps. Tous les participants ont indiqué que la capacité des établissements constitue un obstacle majeur à une augmentation appréciable du nombre d’étudiants, mais l’ampleur variait d’une région à l’autre et selon le niveau des programmes, par exemple, diplôme, baccalauréat, maîtrise ou doctorat. Il est à prévoir que les problèmes de capacité empireront à court terme, car le nombre de professeurs qui prendront leur retraite montera en flèche. Dans le cas de l’Ontario, les établissements devront en outre composer avec le phénomène de la cohorte double.

      Les participants ont par ailleurs formulé des commentaires sur la difficulté des établissements d’enseignement à tenir compte de l’évolution des besoins pour ce qui est de la formation des personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie et de l’enseignement à leur dispenser. Ils ont notamment cité en exemple l’importance soutenue accordée à la recherche ou aux publications par rapport à la capacité d’enseignement, la rigidité des exigences actuelles pour l’obtention des diplômes ainsi que la capacité insuffisante à enseigner les types de compétences pratiques requises à l’extérieur du milieu universitaire, des compétences dans des domaines tels que les communications, la gestion et la réflexion stratégique. Les participants ont réclamé un changement de culture axé sur une transformation dans l’ensemble des établissements d’enseignement pour élaborer et mettre en œuvre des programmes et des politiques qui répondent plus efficacement aux besoins en personnes hautement qualifiées et aux exigences du XXIe siècle.

      Possibilités

      En général, les participants s’entendaient pour dire que la responsabilité d’abolir les obstacles associés à la capacité des établissements incombe en grande partie aux établissements d’enseignement et aux administrations provinciales. Toutefois, à Vancouver et dans une moindre mesure dans d’autres villes, ils ont indiqué que le CRSNG a un rôle à jouer dans le domaine en aidant à financer et à appuyer la recherche. Par exemple, ils ont fait valoir que le CRSNG devrait accroître le nombre de subventions de recherche et leur valeur et que l’administration fédérale devrait continuer à financer les coûts indirects de la recherche. Certains participants ont par ailleurs exhorté le CRSNG à apporter son appui également au système collégial.

      En outre, les participants considèrent que le CRSNG pourrait exercer une influence et faire avancer la cause en utilisant ses programmes et ses politiques pour favoriser les changements requis au sein des établissements. Par exemple, ils estiment que le CRSNG pourrait adapter ses bourses de manière à encourager les études multidisciplinaires et l’acquisition de compétences dans les domaines prioritaires en dehors du milieu universitaire, offrir des subventions aux professeurs pour qu’ils mettent à jour leurs compétences et leur capacité de formation dans des domaines de plus en plus utiles à l’industrie, par exemple, une formation en gestion et en communications; et créer des subventions pour l’établissement de chaires industrielles afin de favoriser les échanges entre l’industrie et le milieu universitaire et d’aider les établissements d’enseignement à demeurer à jour en ce qui concerne la façon de former des personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie pour les préparer à faire carrière à l’extérieur du milieu universitaire.

      Des participants ont également fait valoir que le CRSNG devrait encourager l’administration fédérale à collaborer avec d’autres parties intéressées clés pour résoudre les problèmes de capacité des établissements.

    2. Remédier à l’insuffisance de l’aide financière aux étudiants

      Défis

      Des participants ont signalé que l’escalade des coûts des études supérieures pour les Canadiens limite aussi la possibilité d’accroître considérablement le nombre de personnes hautement qualifiées au cours des dix prochaines années. Ce problème se pose particulièrement dans le cas des étudiants des provinces de l’Atlantique, où le revenu moyen des ménages est inférieur à la moyenne nationale. En outre, selon les participants, en imposant aux non-Canadiens des frais de scolarité supplémentaires qui feraient en sorte que le coût de l’éducation serait plus élevé au Canada que dans d’autres pays, notamment les États-Unis, on nuirait considérablement au recrutement d’étudiants étrangers.

      D’après les participants, l’aide financière accordée aux étudiants pour compenser en partie la hausse des frais de scolarité est inadéquate. De plus, ils ont indiqué que le niveau de financement au Canada ne fait pas le poids par rapport à la concurrence internationale. Il ressort des ateliers que les frais de scolarité qui vont en augmentant, le financement insuffisant et le manque à gagner associé aux études de 2e ou 3e cycle (en particulier dans les domaines où le marché de l’emploi est vigoureux) concourent à nuire au recrutement et à la poursuite des études des personnes appelées à devenir des personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie.

      Possibilités

      Comme on devait s’y attendre, les participants ont signalé qu’il s’agit d’un domaine où le CRSNG pourrait avoir une incidence considérable et ils lui ont fait plusieurs suggestions. Par exemple, ils l’ont incité à accroître le nombre de bourses offertes aux étudiants en sciences naturelles et en génie ainsi que la valeur de ces bourses. À Montréal, l’orateur invité à l’heure du déjeuner, M. Robert Lacroix, recteur de l’Université de Montréal, a suscité des discussions intéressantes en après-midi en faisant valoir qu’il fallait prioritairement doubler la valeur des bourses offertes aux étudiants au niveau du doctorat. À son avis, cette mesure aurait une incidence importante et favorable sur la perception des travaux de recherche au niveau supérieur et réduirait la durée des études. Il considère qu’il faut prendre cette mesure avant même d’accroître le nombre de bourses de doctorat.

      Les participants ont par ailleurs formulé des commentaires sur la nécessité d’accroître la valeur des subventions de recherche et d’abolir les limites actuelles concernant les allocations versées aux étudiants ou le nombre d’allocations disponibles. De nombreux professeurs d’université ont signalé qu’ils pourraient superviser davantage d’étudiants dans les laboratoires si on leur apportait un appui financier adéquat.

      Les participants ont également encouragé le CRSNG à élaborer des politiques et des programmes plus novateurs et souples pour répondre aux besoins uniques d’un effectif étudiant de plus en plus hétérogène et accroître le bassin de candidats admissibles. Par exemple, ils l’ont encouragé à:

      • à reporter les dates limites ou à adopter une politique de présentation des demandes sur une base continue;
      • à accroître l’aide offerte sous forme de bourses aux étudiants à temps partiel ou aux autres étudiants sur le marché du travail6;
      • à rendre les étudiants étrangers admissibles aux bourses;
      • à accroître les possibilités de financement offertes aux collèges et aux centres de formation ainsi qu’aux particuliers inscrits dans un programme conduisant à l’obtention d’un diplôme universitaire;
      • à assouplir les règles pour encourager un plus grand nombre d’étudiants et de chercheurs à utiliser leur bourse à l’étranger.
    3. Accroître le bassin de personnes hautement qualifiées éventuelles ans le circuit de l’offre

      Les participants ont mis en évidence plusieurs défis associés à l’augmentation du bassin de personnes hautement qualifiées en sciences et en génie dans le circuit de l’offre. Il s’agit cette fois encore d’un domaine où le CRSNG pourrait à leur avis jouer un rôle majeur en mettant à profit son influence et les programmes de financement pour résoudre les problèmes de recrutement et de poursuite des études. Les paragraphes ci-après présentent les principaux défis et possibilités qui touchent le circuit de l’offre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie.

      1. Renforcer l’éducation en sciences et en mathématiques aux niveaux primaire et secondaire

        Défis

        Les participants ont déploré le petit nombre de nouveaux étudiants de niveau universitaire qui sont intéressés à poursuivre des études supérieures en sciences et en génie ou qui sont aptes à le faire. Ils attribuent cet état de choses en partie à la formation et à la préparation insuffisantes aux niveaux primaire et secondaire, à la piètre formation du personnel enseignant et aux exigences inadéquates des programmes d’études. Ils blâment également la méconnaissance des sciences naturelles et du génie et des possibilités de carrière connexes (voir la section 3b ci-après).

        Possibilités

        Les participants ont mis en évidence un éventail de programmes que le CRSNG pourrait financer pour aider à combler les lacunes du système d’éducation actuel aux niveaux primaire et secondaire. Par exemple, ils ont proposé que les étudiants en sciences et en mathématiques dans les collèges de formation des enseignants deviennent admissibles aux bourses de recherche de 1er cycle. Ils ont encouragé le CRSNG à financer des programmes à l’appui du perfectionnement professionnel continu des enseignants de sciences et de mathématiques aux niveaux primaire et secondaire, par exemple, des programmes d’échange avec les universités ou des programmes d’alternance travail-études. Ils l’ont par ailleurs invité à créer des mécanismes de financement pour renforcer les possibilités de recherche en sciences naturelles et en génie aux niveaux primaire et secondaire, par exemple, en offrant des fonds pour la réalisation de petits projets de recherche dans les écoles secondaires. Ce type de financement pourrait servir à améliorer les installations de laboratoire pour élargir la portée de la recherche et enrichir l’expérience d’apprentissage.

        Enfin, les participants ont encouragé le CRSNG et l’administration fédérale à collaborer avec les provinces pour établir des exigences et des normes rigoureuses en ce qui concerne les sciences naturelles et le génie aux niveaux primaire et secondaire.

      2. Stimuler le recrutement et la poursuite des études dans l’ensemble du système

        Défis

        Les participants ont également signalé que les collèges et les universités semblent avoir de la difficulté à attirer et retenir les étudiants en sciences naturelles et en génie. Nombre d’étudiants qui quittent l’école secondaire pour entreprendre leurs études postsecondaires ne sont pas intéressés à obtenir un diplôme en sciences naturelles ou en génie. Selon les participants, cette situation est en partie attribuable à une perception erronée quant au niveau de difficulté des études dans ces domaines et aux possibilités de carrière qui s’ensuivent.

        Nombre d’étudiants d’université qui suivent des cours en sciences naturelles et en génie au 1er cycle ne font pas d’études supérieures dans ces domaines. Les participants ont avancé plusieurs raisons pour expliquer le faible taux de poursuite des études : cours préalables du 1er cycle indûment exigeants qui dissuadent les bons étudiants de poursuivre leur formation en sciences naturelles et en génie; surpeuplement des classes, ce qui nuit à la qualité de l’enseignement et à l’aide que peuvent recevoir les étudiants; insuffisance du temps passé en laboratoire et des possibilités d’emploi pour permettre aux étudiants d’observer l’application de la théorie.

        Possibilités

        Cette fois encore, les participants ont proposé différentes mesures que le CRSNG pourrait prendre pour relever ce défi. La plupart de leurs suggestions se rapportent à la promotion des sciences naturelles et du génie ainsi que de l’éventail connexe de possibilités de carrière formidables. Les participants ont encouragé le CRSNG à concentrer ses énergies sur les niveaux primaire et secondaire. Ils ont indiqué plusieurs initiatives intéressantes pour promouvoir et récompenser l’intérêt des élèves des niveaux primaire et secondaire pour les sciences naturelles et le génie. Par exemple, ils ont incité le CRSNG à envisager de mettre sur pied des programmes de recherche auxquels pourraient participer pendant l’été les élèves exceptionnels des niveaux primaire et secondaire et de leur offrir des bourses pour qu’ils suivent des cours de première année universitaire. Ils ont proposé que le CRSNG apporte une aide financière pour que des étudiants de niveau postsecondaire se rendent dans des classes à l’occasion des journées « choix de carrière » afin de discuter de leur expérience en sciences naturelles et en génie. Ils ont également encouragé le CRSNG à parrainer des expositions scientifiques dans les écoles pour promouvoir les sciences à plus grande échelle.

        Les participants ont par ailleurs souligné l’importance de mieux promouvoir les sciences naturelles et le génie au 1er cycle. Ils ont insisté sur l’augmentation de l’aide financière accordée aux étudiants du 1er cycle sous forme de bourses de recherche et d’études appliquées. Les participants ont notamment proposé d’élargir le Programme de bourses de recherche de 1er cycle et d’offrir de nouveaux fonds à l’appui des programmes d’alternance travail-études et de stages à ce niveau. Ils ont également encouragé le CRSNG à offrir du financement pour mettre sur pied et appuyer l’infrastructure afin que l’on dispose d’installations de laboratoire suffisantes pour stimuler l’intérêt et pour accroître la capacité au 1er cycle. Dans cette optique, ils ont proposé que le CRSNG envisage d’imposer pour les subventions de recherche de nouvelles exigences en vertu desquelles un certain pourcentage des allocations devrait être versé aux étudiants du 1er cycle.

      3. Accroître le nombre d’étudiants étrangers et d’immigrants qualifiés (voir la section 2)

        Défis

        Les participants ont signalé que le Canada se laisse distancer par la concurrence pour ce qui est de la capacité à attirer les étudiants étrangers et les immigrants qualifiés afin de combler le manque de personnes hautement qualifiées. Parmi les raisons avancées, mentionnons les frais de scolarité élevés et l’insuffisance du financement offert aux étudiants étrangers, les restrictions concernant les visas de travail pour les étudiants étrangers et leur conjoint, les politiques d’immigration prohibitives ainsi que la reconnaissance limitée de la formation et des compétences acquises dans d’autres pays.

        Possibilités

        Les participants ont encouragé le CRSNG à élaborer des programmes de financement concurrentiels d’envergure internationale pour attirer au Canada les étudiants étrangers et les immigrants qualifiés. Ils l’ont également encouragé à collaborer avec d’autres organismes fédéraux afin de créer un environnement accueillant pour ces personnes, par exemple, en modifiant les politiques d’immigration restrictives.

      4. Favoriser la participation des membres de groupes sous-représentés et de personnes sous-employées au sein du système

        Défis

        Les participants ont fait état de la nécessité d’accroître le nombre de membres de groupes sous-représentés qui poursuivent des études postsecondaires. Mentionnons notamment les personnes sans emploi ou sous-employées, les nouveaux immigrants, certains groupes minoritaires (par exemple, les Premières nations) et les femmes. Les participants considèrent que le Canada n’utilise pas pleinement ses ressources en capital humain. Les participants de Calgary ont souligné l’importance d’inclure des personnes « modérément qualifiées » appartenant à différents corps de métier, tandis que ceux de Montréal ont insisté sur l’importance d’accroître les possibilités au sein du système pour les personnes provenant de l’industrie qui souhaitent accroître ou mettre à jour leurs compétences. Selon une observation intéressante formulée au cours des ateliers de Vancouver et de Montréal, le Canada aurait intérêt à se demander comment les retraités pourraient aider à combler le manque de personnes hautement qualifiées.

        Possibilités

        Cette fois encore, les participants ont mis l’accent sur la nécessité d’accroître le financement disponible et d’élaborer des politiques et des programmes s’adressant spécifiquement à ces groupes de manière à favoriser leur participation (voir aussi la section 2). Par exemple, ils ont proposé d’élargir le programme de Chaires pour les femmes en sciences et en génie, de créer un programme similaire pour d’autres groupes sous-représentés, comme les Autochtones, ou d’inviter les retraités qui ont fait carrière dans l’industrie à travailler à titre de professeurs adjoints dans les systèmes universitaire et collégial afin de réduire les pressions prévues sur la capacité d’enseignement.

    4. Renforcer et promouvoir les sciences naturelles et le génie dans l’ensemble de la société canadienne

      Défis

      Les participants ont signalé que la perception négative des sciences naturelles et du génie ainsi que la méconnaissance des possibilités associées aux carrières dans ces domaines empêchent également d’attirer et de retenir au Canada des personnes hautement qualifiées en sciences et en génie. La section 3b fait état d’idées fausses observées chez les jeunes à l’égard de ces disciplines, idées qui se reflètent dans l’ensemble de la société.

      D’après les participants, non seulement les idées fausses concernant les sciences naturelles et le génie nuisent aux taux de recrutement et de poursuite des études, mais aussi elles ont eu une incidence négative sur le financement fédéral, car le programme public influe sur le programme politique. Les participants déplorent que le grand public ne s’intéresse généralement pas aux contributions importantes faites par le secteur des sciences naturelles et du génie ni à l’incidence qu’elles ont sur la prospérité et le bien-être à long terme du pays, voire qu’il n’en est pas conscient. Les participants ont formulé des commentaires sur la nécessité de susciter l’appui du public en faveur des sciences naturelles et du génie pour obtenir les fonds nécessaires afin d’accroître le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie conformément aux objectifs fixés.

      Possibilités

      À Montréal et à Vancouver, les participants ont indiqué qu’un changement de culture fondamental s’impose à la grandeur du pays pour créer un environnement qui appuie et encourage les sciences et le génie. On mettrait ainsi en place un cadre propre à stimuler les carrières en sciences et en génie et à renverser les perceptions négatives en raison desquelles il est difficile d’attirer et de retenir le nombre d’étudiants nécessaires pour répondre à la demande prévue.

      Les participants estiment que le CRSNG devrait jouer un plus grand rôle au chapitre de la sensibilisation du public à l’importance des sciences naturelles et du génie. La plupart des participants aux ateliers n’étaient guère au courant du travail que le CRSNG fait à l’heure actuelle pour promouvoir les sciences naturelles et le génie et de l’incidence de ses programmes auprès des fonctionnaires, des politiciens et des citoyens. À leur avis, le CRSNG devrait mieux faire connaître ses réussites.

      Les participants ont par ailleurs encouragé le CRSNG à collaborer avec l’administration fédérale afin de renforcer les messages positifs concernant les sciences naturelles et le génie et de sensibiliser davantage le pays à la contribution importante que les personnes hautement qualifiées dans ces domaines ont apportée à la société et à notre qualité de vie enviable. Par exemple, ils ont proposé que le CRSNG parraine des campagnes de publicité et de communication nationales pour promouvoir les sciences naturelles et le génie en utilisant abondamment les médias, y compris la télévision et Internet, afin de créer une image des sciences naturelles et du génie plus favorable et attrayante. Par exemple, ils ont proposé de tirer parti des Minutes du patrimoine pour mettre en évidence la contribution des sciences naturelles et du génie au Canada. Les participants de Montréal ont encouragé le CRSNG à créer une série télévisée s’inspirant du modèle du téléroman québécois populaire. Il faudrait faire un effort particulier pour joindre les élèves des niveaux primaire et secondaire.

      Les participants ont par ailleurs incité le CRSNG à continuer de promouvoir l’importance des sciences naturelles et du génie au sein du système fédéral. À leur avis, la CRSNG a un rôle déterminant à jouer en veillant à ce que les prochains budgets prévoient le financement fédéral nécessaire pour accroître considérablement le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie.

    5. Faire connaître davantage le CRSNG et ses programmes

      Défis

      Les participants ont indiqué que la méconnaissance des programmes du CRSNG parmi les étudiants, les professionnels de l’industrie et le grand public constitue un obstacle de taille à l’augmentation du nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie et ce, malgré les efforts de marketing et de communication déployés à l’heure actuelle par l’organisme. D’après les participants, la bonne information ne se rend pas aux bonnes personnes. Même les membres du milieu universitaire qui travaillent régulièrement avec le CRSNG considèrent qu’il existe bien des domaines où ils ne sont pas certains des politiques et des procédures de l’organisme. Dans plusieurs cas, ils n’étaient même pas au courant de l’existence de certains programmes.

      Possibilités

      Il s’agit d’un domaine dans lequel le CRSNG devrait examiner ses activités de communication. Les participants l’ont encouragé à repenser la façon dont il présente et communique l’information. Ils l’ont aussi encouragé à remanier ses initiatives de marketing et de communication et à leur donner une ampleur accrue pour mieux joindre les principaux destinataires dans le milieu universitaire et dans l’industrie, en particulier les étudiants du 1er cycle, les professeurs ainsi que les petites et moyennes entreprises

    6. Réduire la durée des études supérieures

      Défis

      Nombre de participants ont signalé que le temps nécessaire pour obtenir un diplôme d’études supérieures constitue un obstacle majeur à l’accroissement du nombre de personnes hautement qualifiées. La grande majorité des participants ont cautionné les données anecdotiques témoignant d’une augmentation du temps requis pour mener à bien les programmes de maîtrise et de doctorat. Cet état de choses influe de toute évidence sur la capacité du circuit de l’offre de personnes hautement qualifiées à répondre à la demande prévue, mais les participants considèrent également qu’elle ont eu une incidence négative sur le taux de poursuite des études, en particulier dans les domaines où les salaires de base sont attrayants et concurrentiels, par exemple, l’industrie de la haute technologie.

      Certains participants considèrent que l’augmentation la durée des études supérieures est attribuable au fait qu’il en coûte plus cher pour s’instruire, si bien que nombre d’étudiants sont contraints de suivre moins de cours à la fois pour occuper un emploi à temps partiel. Ce problème se pose particulièrement dans les provinces de l’Atlantique et au Québec. D’autres participants estiment que les lourdes exigences à respecter et les impératifs de l’enseignement sont également entrés en jeu. Par exemple, les participants ont mentionné que de nombreux programmes de maîtrise imposent la rédaction d’une « mini-thèse de doctorat », exigence qui pourrait s’avérer indûment onéreuse et peu pratique. Ils ont également formulé des commentaires sur le fait que les établissements y perdraient sur ce plan si les étudiants au niveau de la maîtrise et du doctorat progressent rapidement dans le système, car ils constituent maintenant un important bassin de main-d’œuvre bon marché. Les participants conviennent que la durée des études devrait être réduite dans certains domaines, mais ils s’inquiètent de l’incidence négative éventuelle sur la qualité. Il sera sans doute très difficile de trouver un juste équilibre.

      Possibilités

      Les participants ont indiqué que les mesures à prendre pour résoudre les problèmes associés à l’aide financière insuffisante pour les études supérieures est un aspect où le CRSNG a un important rôle à jouer. Ils ont encouragé l’organisme à accroître les fonds destinés aux étudiants de 2e et 3e cycle pour les porter à un niveau concurrentiel avec les salaires de départ dans l’industrie (voir également la section 2).

      Les participants considèrent généralement qu’il incombe aux universités et aux organismes de réglementation nationaux de se pencher sur les exigences liées à l’augmentation de la durée des études supérieures. Ceci étant dit, les participants ont encouragé le CRSNG à envisager des stimulants qui pourraient influer indirectement sur les obstacles structurels ayant pour effet de prolonger la durée des études. Par exemple, de nombreux participants l’ont invité à continuer de limiter à quatre ans le financement accordé aux candidats du niveau de la maîtrise ou du doctorat. Ils l’ont également encouragé à envisager de mettre en place des primes au rendement pour les étudiants et les professeurs auxquels il apporte une aide financière afin de récompenser la célérité. Par exemple, les étudiants disposeraient d’une bourse d’un montant déterminé pour une période donnée. Ceux qui termineraient leurs études dans le délai prévu recevraient une prime; ceux qui les termineraient plus rapidement pourraient également avoir la possibilité de conserver la portion inutilisée de leur bourse. On pourrait aussi verser une prime aux professeurs titulaires d’une subvention de recherche qui aident les étudiants de 2e ou 3e cycle à progresser rapidement dans le système. Les effets potentiellement indésirables associés à ces types de stimulants, en particulier pour ce qui touche le maintien d’une qualité et de normes acceptables, ont fait l’objet d’un vaste débat.

    7. Accroître la coordination et la communication entre les principales parties intéressées

      Défis

      L’amélioration de l’efficacité quant à l’augmentation du nombre de personnes hautement qualifiées en sciences et en génie repose sur la coopération et la coordination entre les parties intéressées. Les participants ont indiqué que les lacunes à cet égard constituent un obstacle de taille à la réalisation des objectifs établis pour 2010. Au minimum, elles limitent la capacité à tirer le maximum des efficiences d’échelle. Dans le pire des scénarios, les parties intéressées poursuivent des démarches contradictoires. Par exemple, si le CRSNG s’efforce d’accroître considérablement le bassin de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie, les établissements d’enseignement doivent être en mesure de les aider à progresser dans le système pour atteindre l’objectif commun visé, qui consiste à accroître le nombre de diplômés. Par ailleurs, si les établissements en arrivent à former un nombre beaucoup plus grand de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie, ils doivent faire en sorte que ces diplômés possèdent les compétences dont l’industrie a besoin pour répondre efficacement à la demande prévue. Les participants considèrent que la tendance à travailler en vase clos limite grandement l’ampleur du changement qu’un partenaire quelconque peut opérer pour ce qui est de répondre à la demande prévue de personnes hautement qualifiées en sciences et en génie.

      Possibilités

      Les participants ont indiqué que le CRSNG pourrait jouer un rôle important en intensifiant la communication et la coordination entre les parties intéressées, en premier lieu au sein du système fédéral lui-même. Par exemple, ils ont encouragé le CRSNG à donner le ton en favorisant une communication et une coordination accrues entre les organismes subventionnaires fédéraux. À leur avis, ces organismes pourraient coordonner les programmes de financement, envisager des programmes conjoints afin d’encourager les études interdisciplinaires, coordonner les initiatives de marketing et de communication, normaliser les formalités de demande et intégrer les mécanismes d’examen des demandes et d’évaluation. Les participants ont par ailleurs encouragé le CRSNG à participer activement aux consultations d’Industrie Canada sur la stratégie d’innovation.

      Les participants ont encouragé le CRSNG à tirer parti de son pouvoir et de sa situation indirectement pour aider à resserrer les liens entre l’industrie, le milieu universitaire et les administrations publiques en encourageant les initiatives et les programmes conjoints, comme les ententes de partenariat de recherche.

      À Halifax, à Toronto et à Calgary, les participants ont réclamé un leadership national pour regrouper les parties intéressées afin qu’elles élaborent ensemble un cadre national pour accroître le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie – un cadre assez souple à l’échelle régionale assurerait la cohérence nécessaire pour mieux définir les résultats à long terme et mettre au point des stimulants stables pour répondre à la demande imminente. Selon les participants, bien que le CRSNG ne soit pas habilité à assurer le leadership de ce type d’initiative nationale, il a bel et bien un rôle à jouer dans ce genre d’interventions auprès ses homologues fédéraux.

    8. Renforcer la relation entre l’industrie et les milieux universitaires

      Défis

      Plusieurs participants ont formulé des commentaires sur les défis à relever pour dissocier la culture des universités et celle de l’industrie. En recherche-développement, les chefs de file de l’industrie insistent davantage sur le développement. Ils veulent obtenir des résultats à court terme et sont à la recherche de diplômés possédant toute une gamme de compétences, notamment des compétences en communication, en leadership et en planification stratégique ainsi qu’une aptitude technique à la gestion – que l’on ne peut acquérir adéquatement au sein du système universitaire. En règle générale, les membres du milieu universitaire qui ont pris part aux ateliers mettaient davantage l’accent sur la recherche et privilégiaient les avantages associés à une approche plus puriste de la recherche – « l’exploration pour l’exploration ». Ils ont également fait valoir l’importance d’un parcours plus traditionnel, en particulier pour ceux qui souhaitent travailler en milieu universitaire.

      Harvey Weingarten, recteur de l’University of Calgary, et Jean St-Pierre, représentant de la société Ballard Power Systems de Vancouver, ont tous deux réclamé un changement dans le modèle classique pour que les études supérieures encouragent une approche plus contemporaine. Au cours de plusieurs ateliers, les participants ont soulevé ce thème et indiqué qu’il fallait prévoir différentes voies de formation pour les étudiants, par exemple, une voie pour ceux qui souhaitent travailler dans l’industrie et une autre pour ceux qui veulent collaborer plus étroitement avec le milieu universitaire. Les participants ont également fait état de la nécessité d’adopter des approches plus souples en matière de formation; des approches permettant d’imposer des exigences différentes pour différents types d’étudiants. Mentionnons à titre d’exemple un programme de maîtrise bimodal: une première option, qui prépare les étudiants à la recherche grâce à une thèse traditionnelle fondée sur une recherche originale, et une deuxième, qui les prépare à d’autres carrières de nature technique et repose sur un projet. (Certaines universités proposent déjà ce type de programme.)

      Possibilités

      Les participants ont signalé que le CRSNG a un important rôle indirect à jouer en aidant à combler le fossé et à resserrer les liens entre l’industrie et les universités. Plusieurs ont proposé des moyens par lesquels le CRSNG pourrait tirer parti de ses politiques et de ses programmes pour encourager une interaction et un échange accrus entre l’industrie et le milieu universitaire.

      Différentes mesures ont été proposées, par exemple, accroître le nombre de bourses pour les programmes d’alternance-études et les stages dans l’industrie et en augmenter la valeur; multiplier les possibilités d’initiatives de recherche conjointe réunissant des personnes de l’industrie et des universités qui possèdent des compétences complémentaires et accroître l’appui aux professeurs adjoints provenant de l’industrie. À Montréal, on a assisté à une discussion intéressante sur la nécessité des projets de recherche à long terme de grande envergure, peut-être de nature sectorielle, financés conjointement par l’industrie, les universités et le gouvernement. Ces projets aideraient à nouer et à maintenir des relations durables entre les trois groupes intéressés et à maintenir ouvertes les voies de communication.

    9. Accroître et renforcer la capacité de l’industrie

      Défis

      L’industrie a un rôle clé à jouer en ce qui a trait à la demande dans le circuit de l’offre et de la demande de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie. Au cours de plusieurs ateliers, les participants se sont dits inquiets quant à savoir si l’industrie possède ou non la capacité requise et si elle pourra réaliser les objectifs établis dans la stratégie d’innovation en ce qui concerne l’augmentation des fonds affectés à la R et D. Sans l’investissement financier nécessaire, la demande prévue de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie ne se concrétisera pas. Les participants se sont également dits inquiets quant à la capacité de l’industrie à créer le type de possibilités de carrière stimulantes et d’avantages financiers qui incitent les étudiants à faire carrière en sciences naturelles ou en génie. Ces deux problèmes soulèvent des inquiétudes particulières dans les provinces de l’Atlantique, où l’assise en R et D est extrêmement modeste.

      À Vancouver, les participants ont également soulevé des préoccupations concernant les types d’industries qui absorbent les personnes hautement qualifiées et leur nombre au Canada. Le pays possède-t-il le juste équilibre nécessaire pour appuyer l’innovation au XXIe siècle? Est-ce que les industries où on retrouve aujourd’hui les personnes hautement qualifiées sont en harmonie avec les intérêts et les résultats de la recherche? Existe-t-il un écart entre le programme du gouvernement et ceux de l’industrie et du milieu universitaire? Dans l’affirmative, quelle incidence cet état de choses aura-t-il sur la demande future de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie?

      Possibilités

      Bien que la plupart des préoccupations soulevées relativement à la capacité de l’industrie ne relèvent pas du mandat du CRSNG, les participants ont proposé cette fois encore que le CRSNG tire parti de ses programmes et de ses politiques pour aider à influer sur le niveau et le type d’investissement de l’industrie en R et D. Ils ont encouragé le CRSNG à accroître le niveau de financement des partenariats avec l’industrie et à assouplir les critères d’admissibilité pour stimuler l’investissement et la croissance dans le domaine de la R et D industrielle. Par exemple, les participants ont encouragé le CRSNG à rendre les possibilités de financement plus attrayantes pour les PME en appuyant de petits projets (de l’ordre de 50 000 $) et à reconnaître davantage les contributions en nature. Ils l’ont aussi incité à permettre aux titulaires de bourses de faire leurs recherches dans des laboratoires industriels (sans s’en tenir aux limites actuelles des programmes). Enfin, ils ont proposé que le CRSNG élabore des programmes régionaux qui, par exemple, regroupent le financement autour de nœuds stratégiques à l’appui des stratégies de R et D régionales.

      Les participants ont par ailleurs encouragé le CRSNG à renforcer les efforts de marketing et de communication au sein de l’industrie, en particulier chez les PME. Selon la plupart des participants, l’industrie dans son ensemble n’est pas au courant des programmes du CRSNG et des possibilités connexes.

      Pour aider à combler les lacunes dans les industries qui absorbent actuellement les personnes hautement qualifiées, un groupe de Vancouver a proposé que le CRSNG verse des fonds aux étudiants pour qu’ils créent leur propre entreprise en vue de mener des recherches dans des domaines ou des secteurs sous-représentés au Canada. À Halifax, les participants ont indiqué que le programme d’entrepreneuriat du Département d’informatique à la Dalhousie University, qui reçoit l’appui du CRSNG, constitue un excellent exemple de ce type d’initiative.

    10. Préciser la gamme de compétences requises des personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie au cours des dix prochaines années

      Défis

      Au cours de tous les ateliers, les participants doivent définir la gamme de compétences requises des personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie pour répondre aux besoins de l’industrie. La plupart des représentants de l’industrie ont formulé des commentaires sur la nécessité d’en arriver à un juste équilibre des antécédents techniques en ce qui a trait au domaine et au niveau d’études. En fait, ils ont laissé entendre que les bacheliers seront probablement les plus en demande, suivis dans l’ordre des titulaires d’une maîtrise ou d’un doctorat. Les représentants de l’industrie, en particulier des PME, ont fait état des défis associés à l’engagement financier considérable requis pour attirer et retenir les titulaires d’un doctorat ainsi que des risques qu’il faut courir pour être en mesure d’appuyer et de soutenir leurs intérêts dans le domaine de la recherche à long terme.

      Les représentants de l’industrie souhaitent par ailleurs que les diplômés possèdent des connaissances et des compétences multidisciplinaires, une bonne aptitude en communication, des compétences en gestion, en marketing et en leadership ainsi que la capacité de réfléchir de façon stratégique dans le contexte d’une entreprise. Enfin, ils ont formulé des commentaires sur la nécessité d’en arriver à un juste équilibre entre une approche purement théorique de la formation et une approche orientée vers les besoins pratiques de l’industrie.

      Les participants de Vancouver ont expliqué qu’il faut pouvoir compter sur ce qu’ils appellent des « personnes hautement efficaces », des gens possédant les compétences requises pour innover et être efficaces dans le monde du travail. Les représentants de l’industrie en particulier ont indiqué qu’il subsiste un écart important entre, d’une part, la formation reçue dans les établissements d’enseignement et, d’autre part, les compétences requises au sein de la population active. Ainsi, l’industrie a dû faire d’énormes investissements pour offrir aux diplômés une formation portant sur des aspects tels que la gestion de la propriété intellectuelle.

      Le profil des personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie qui seront requises influera de toute évidence sur l’approche que devraient privilégier les parties intéressées pour répondre à la demande prévue. Sur le plan pratique, cet état de choses soulève une question importante: le but est-il de doubler le nombre de titulaires d’un doctorat ou le nombre de titulaires d’un diplôme d’études postsecondaires à la disposition de l’industrie ou d’autres secteurs de la recherche? Dans la deuxième hypothèse, le but consistant à doubler le nombre de personnes hautement qualifiées serait peut-être plus réaliste et plus en harmonie avec le large éventail d’exigences se rapportant à l’innovation.

      Possibilités

      La plupart des défis à surmonter pour répondre aux besoins à long terme en matière de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie relèvent de la compétence des établissements d’enseignement et des organismes de réglementation provinciaux compétents. Pour pouvoir compter sur la gamme de compétences prévues, il faudrait mettre à contribution les universités, les collèges – y compris les cégeps – et les centres de formation technique. Les participants ont par ailleurs précisé que l’industrie a un rôle à jouer en établissant des programmes de formation et de perfectionnement professionnels à l’intention des employés et en continuant d’investir dans ces programmes.

      Les participants ont ajouté que le CRSNG pourrait jouer un rôle en réharmonisant ses programmes et ses politiques pour appuyer et encourager l’éventail de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie dont on aura besoin. Par exemple, ils ont proposé que le CRSNG envisage d’accroître ses programmes s’adressant aux étudiants et aux chercheurs des collèges – y compris les cégeps – et des centres de formation technique. Ils l’ont par ailleurs encouragé à élaborer des programmes et des critères d’admissibilité qui favorisent l’éventail des compétences requises, par exemple, en créant des bourses spéciales à l’intention des étudiants qui reçoivent une formation interdisciplinaires.

  5. Problèmes régionaux

    En règle générale, on a observé un consensus dans les commentaires formulés par les participants de toutes les régions du Canada. Les paragraphes qui suivent font état de plusieurs différences observées d’une région à une autre.

    Halifax

    Plusieurs problèmes régionaux importants soulevés dans les provinces de l’Atlantique sont dignes de mention. Tout d’abord, comme l’a fait remarquer le conférencier provenant de l’industrie, l’assise en R et D est très modeste dans les provinces de l’Atlantique. C’est pourquoi les possibilités de financement reposant sur un partenariat universités-industrie sont limitées. En fait, plusieurs participants ont fait état de la difficulté à trouver des fonds de contrepartie dans l’industrie pour certaines subventions du CRSNG. L’ampleur modeste du secteur de la R et D limite également les possibilités de stage (dans le cadre des programmes d’alternance travail-études) et d’emploi futur. Les statistiques continuent de montrer que les provinces de l’Atlantique perdent leurs personnes hautement qualifiées au profit du reste du Canada. Le premier défi dans la région consiste donc à renforcer la demande de personnes hautement qualifiées.

    Dans les provinces de l’Atlantique, le financement provincial est par ailleurs nettement insuffisant, ce qui limite beaucoup leur capacité à accroître le nombre de personnes hautement qualifiées qu’on y forme. L’infrastructure et la capacité d’enseignement ne permettent tout simplement pas d’augmenter le nombre d’étudiants comme en ont discuté les participants. La situation est d’autant plus difficile que le nombre de programmes d’études supérieures offerts dans les provinces de l’Atlantique est limité – la plupart des universités ne proposent que des programmes de 1er cycle. Les participants considèrent que la situation financière actuelle des universités est nettement moins bonne que celle des établissements similaires des autres régions. En outre, il leur semble peu probable que le gouvernement provincial majore le financement offert. Le fait que le niveau de vie par habitant dans la région est inférieur à la moyenne nationale accentue l’inquiétude des participants – les familles disposent de moins de ressources pour appuyer les études supérieures, si bien que l’augmentation des frais de scolarité est particulièrement prohibitive.

    Plusieurs participants ont laissé entendre que les provinces de l’Atlantique doivent élaborer leur propre stratégie pour stimuler l’économie du savoir et en tirer parti. Le CRSNG pourrait stimuler ce développement en créant des programmes souples adaptés aux besoins uniques de la région. Par exemple, si la région décidait de concentrer ses efforts sur sa croissance dans plusieurs domaines particuliers de l’économie du savoir, le CRSNG pourrait mettre sur pied des politiques et des programmes de financement régional à l’appui de cette vaste stratégie.

    Les participants ont souligné que le caractère unique de la région limite l’efficacité d’une approche universelle visant à accroître le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie. Ils ont fortement encouragé le CRSNG à relever les défis en créant des programmes souples que l’on pourrait adapter aux besoins régionaux.

    Ontario

    Contrairement aux provinces de l’Atlantique, l’Ontario peut faire fond sur une assise solide en R et D. Douglas Barber a signalé que la province manque depuis longtemps de personnes hautement qualifiées pour répondre aux besoins de son industrie. L’insuffisance de la capacité des établissements à produire les personnes hautement qualifiées présentant le profil voulu requises constitue le problème le plus grave dans la province. L’insuffisance du financement est le seul obstacle qui empêche la planification à long terme et le renforcement de la capacité nécessaires pour répondre à la demande prévue. L’arrivée de la double cohorte, qui amènera les universités à leur point de rupture, ajoutera à cette incapacité.

    Calgary

    Au cours de l’atelier de Calgary, Harvey Weingarten, recteur de la University of Calgary, a signalé que, compte tenu de l’échéance de 2010, l’augmentation du nombre de personnes hautement qualifiées ne constitue pas une urgence pour l’instant. Les participants ont exprimé vivement la même préoccupation. Ils ont signalé que le CRSNG est en train de passer rapidement à un cycle de financement public – un cycle où le gouvernement fédéral a promis d’apporter un appui financier considérable au programme d’innovation. Les participants ont fortement encouragé le CRSNG à sensibiliser le gouvernement fédéral au fait que la nécessité d’accroître le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie devient plus urgente et qu’il faut des fonds supplémentaires à cette fin. Par exemple, pendant l’été, le CRSNG pourrait se concentrer sur les coûts indirects et les coûts de fonctionnement permanents liés à la recherche.

    Colombie-Britannique

    En Colombie-Britannique, le taux d’obtention de diplômes d’études postsecondaires par habitant est l’un des plus faibles au Canada et au-delà de 50 p. 100 des personnes hautement qualifiées sont des immigrants. Les possibilités de financement et d’emploi plus attrayantes au sud de la frontière rendent la situation encore plus difficile. Le nombre de personnes hautement qualifiées nécessaire pour faire avancer le Canada constitue un objectif réel et important. Toutefois, les participants s’inquiètent quant à savoir si le gouvernement fédéral pourra offrir toute l’aide financière nécessaire pour atteindre cet objectif. C’est pourquoi les attentes ou les espoirs sont élevés en ce qui a trait à l’aide du CRSNG pour aider à combler l’écart. Il n’est donc pas étonnant que l’un des principaux thèmes soulevés en Colombie-Britannique concerne la nécessité pour le CRSNG de jouer un plus grand rôle et d’accroître le niveau et les types de financement.

    Les participants de la Colombie-Britannique ont également envoyé un message très clair au CRSNG concernant la nécessité d’innover davantage dans son mode de fonctionnement (par exemple, qui obtient le financement et selon quelles modalités) et dans ses activités (par exemple, il pourrait être nécessaire d’accroître son rôle pour inclure le recensement des lacunes sur le plan des compétences et des connaissances et de mettre davantage l’accent sur le développement). Un autre thème clé portait sur la nécessité pour le CRSNG de redoubler d’efforts pour communiquer et faire connaître son rôle au sein de l’industrie et du milieu universitaire ainsi qu’auprès des politiciens et du public. Pour bien faire passer le message, les participants souhaitent vivement que l’organisme intervienne de façon énergique afin de mettre en évidence la question de l’augmentation du nombre de personnes hautement qualifiées, en particulier dans le contexte des consultations sur l’innovation qui se déroulent actuellement au Canada.

    Montréal

    L’un des thèmes dominants à l’atelier de Montréal porte sur la nécessité de transformer tous les éléments du circuit de l’offre de personnes hautement qualifiées afin de créer une nouvelle « culture scientifique » pour le XXIe siècle. Les participants ont par ailleurs souligné fortement qu’il faut canaliser une partie des efforts vers la démarche visant à mettre en vogue « l’idée de faire carrière en sciences naturelles et en génie » en utilisant abondamment les outils modernes de communication, par exemple, en créant une série télévisée s’inspirant du modèle du téléroman québécois populaire pour joindre un large segment de la population.

    Les participants de Montréal ont également exhorté le CRSNG à envisager d’élargir les critères d’admissibilité pour l’octroi de fonds aux professeurs et aux étudiants du réseau des cégeps, car certains éléments de ces établissements sont similaires aux premières années des programmes universitaires du 1er cycle.

  6. Conclusions

    Grâce aux ateliers, le CRSNG a pu recueillir une foule d’idées et de suggestions intéressantes en vue d’accroître le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie. Plus de 300 participants des cinq grandes régions du pays ont tracé un portrait très cohérent des obstacles et des défis auxquels il faut s’attaquer pour accroître de façon appréciable le nombre de personnes hautement qualifiées en sciences naturelles et en génie. La grande majorité d’entre eux étaient d’accord avec la façon dont M. Brzustowski avait décrit le défi en jeu. Si les ateliers visaient notamment à évaluer l’appui pour passer à l’action sur ce front, on peut conclure que cet objectif a été atteint.

    Les participants ne se sont pas contentés de cautionner un mandat pour agir. Loin de là, ils ont suggéré et proposé plusieurs mesures qui permettraient au CRSNG de faire avancer les choses – en agissant directement (modification ou des programmes, des politiques ou du financement actuels) ou indirectement (influence ou coordination des efforts d’autres intervenants). Au cours de la plupart des ateliers, à mesure que les participants réunis en petits groupe pendant l’après-midi se dirigeaient vers des solutions, nous avons entendu certains d’entre eux signaler qu’ils ne produisaient peut-être rien de « nouveau » – que le CRSNG avait probablement déjà pensé à toutes ces idées.

    Dans nos discussions spontanées avec les représentants du CRSNG aux différents ateliers, nous avons bel et bien cru comprendre qu’un grand nombre de suggestions ou propositions correspondent aux mesures que le CRSNG prévoyait déjà. À notre avis, il serait malheureux que cette observation ait pour effet de minimiser l’importance de connaître les idées émanant d’un échantillon aussi vaste et impressionnant représentatif du milieu. Le fait que tant d’idées aient été exprimées d’emblée à maintes reprises à la grandeur du pays confère un caractère différent à cet inventaire de solutions et de suggestions.

    Le CRSNG s’est efforcé de mobiliser le milieu qui a, selon nous, relevé le défi de façon énergique et positive. En plus de donner au CRSNG un mandat pour agir, les participants aux ateliers lui ont fourni une liste impressionnante d’idées préconisant des mesures par lesquelles l’organisme peut faire avancer les choses à court terme et à long terme ainsi qu’un éventail fascinant de possibilités à explorer en marge de son mandat pour ce qui est d’exercer une influence sur d’autres acteurs et de les convaincre de travailler à accroître le nombre de personnes hautement qualifiés en sciences naturelles et en génie au Canada.

Annexe 1 : Présentation du CRSNG

Annexe 2 : Liste des conférenciers

Annexe 3 : Liste des orateurs invités à l’heure du déjeuner

1M. Tom Brzustowski a mentionné ces statistiques dans sa présentation dont le texte est reproduit à l’annexe 1.

2Les ateliers ont eu lieu à Halifax (1er mai), à Toronto (2 mai), à Calgary (30 mai), à Vancouver (31 mai) et à Montréal (17 juin).

3Annexe 1

4On trouvera à l’annexe 2 la liste des conférenciers de chaque atelier.

5On trouvera à l’annexe 3 la liste des orateurs invités qui ont pris la parole à l’heure du déjeuner.

6À l’heure actuelle, les étudiants à temps partiel peuvent obtenir des bourses, mais ils sont peu nombreux à le faire.