L’urbanisation et les changements climatiques exercent une pression sur les mammifères

(Source de l’image : City of Edmonton/University of Alberta)

Des scientifiques ont constaté que ce sont les grands animaux, comme le cerf et l’orignal, qui sont les plus touchés à mesure que le béton remplace les espaces verts et que les villes se réchauffent et s’assèchent.

Une nouvelle étude à laquelle participe une biologiste de la University of Alberta montre que les incidences de l’urbanisation sur les animaux sauvages, en particulier ceux de grande taille, sont nettement plus importantes dans les villes chaudes à faible végétation.

L’équipe de recherche s’est penchée sur 37 espèces de mammifères indigènes en utilisant les données recueillies dans 725 sites répartis dans 20 villes d’Amérique du Nord, dont Edmonton. Elle a constaté que plus une ville était bétonnée, moins il y avait d’animaux et de types d’animaux susceptibles d’y vivre, et a conclu que les changements climatiques pouvaient aggraver les effets sur les espèces sauvages.

Colleen Cassady St. Clair (page en anglais), professeure au département de sciences biologiques (page en anglais) de la University of Alberta, a codirigé la contribution de la ville d’Edmonton à l’étude.

Avec Catherine Shier (Ville d’Edmonton) et Cassie Stevenson, alors étudiante à la maîtrise, elle s’est jointe au réseau d’information sur les espèces sauvages urbaines (Urban Wildlife Information Network – page en anglais) et a réalisé la collecte de données sur une période de trois ans.

« Nous avions déjà prévu d’utiliser des caméras à détection de mouvement pour étudier certaines choses dans la ville, et cela nous a semblé être une excellente occasion de nous en servir », explique Mme St. Clair.

Les caméras ont été installées dans la ville suivant deux axes, l’un allant du nord‑est d’Edmonton vers le sud‑ouest, en suivant la vallée de la rivière, et l’autre allant du sud‑est vers le nord‑ouest. Chaque axe traverse des zones plus ou moins urbanisées, qui présentent des densités de végétation naturelle différentes.

Mme St. Clair indique que les données recueillies à l’aide des caméras confirment les hypothèses qu’avaient toutes les personnes qui participaient à l’étude : l’abondance et la diversité des mammifères diminuent avec l’urbanisation.

« Mais il y a en plus les effets du climat », ajoute Mme St. Clair. « Cette diminution était plus accentuée dans les villes plus chaudes et plus sèches. Une ville comme Tempe, en Arizona, où vit l’auteur principal de l’étude, Jeff Haight, a connu un déclin beaucoup plus marqué de la diversité des mammifères au fur et à mesure que l’urbanisation augmentait. Jeff en a conclu qu’il y avait de multiples facteurs de stress. L’urbanisation est un facteur de stress, mais le climat chaud et sec en est un aussi. »

L’équipe de recherche a constaté que ces facteurs de stress avaient un impact particulièrement important sur les grands ongulés, comme l’orignal et le cerf.

Selon Mme St. Clair, la ville d’Edmonton, qui a pourtant le climat le plus rigoureux de toutes les villes étudiées, s’en tire relativement bien.

« Tout le monde sait qu’on ne voit pas de cerfs dans le centre‑ville, mais on en voit assez régulièrement dans les zones où il y a plus de végétation. Plus il y a d’espaces verts, en particulier de végétation naturelle, moins les effets de l’urbanisation sont importants. Nous avons donc beaucoup de chance à Edmonton. Il y a beaucoup de végétation naturelle dans la vallée fluviale et less ravins, bien plus que dans la plupart des villes. C’est en fait la plus grande zone naturelle continue dans une ville d’Amérique du Nord. »

Néanmoins, Mme St. Clair indique clairement qu'à l'heure où les villes de la planète, y compris Edmonton, se réchauffent et s'assèchent, nous devons continuer de protéger ces espaces verts essentiels en milieu urbain.

« Nous l’avons certainement constaté à Edmonton cet été. À mesure qu’Edmonton se réchauffe sous l’effet des changements climatiques, la zone naturelle qui se trouve dans la vallée fluviale et les ravins — et de plus en plus ailleurs dans la ville, grâce aux projets de naturalisation — devient essentielle à la conservation de la biodiversité. »

« Parfois, la science consiste à affirmer des évidences et à fournir les preuves nécessaires pour étayer ces affirmations », ajoute-t-elle.

L’étude a été partiellement financée par des fonds provenant de la National Science Foundation des États‑Unis, de l’Abra Prentice‑Wilkin Foundation et de l’EJK Foundation. La contribution d’Edmonton a été financée principalement par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, la University of Alberta et la Ville d’Edmonton.

L’étude, intitulée « Urbanization, climate and species traits shape mammal communities from local to continental scales » (en anglais), a été publiée le 4 septembre dans la revue Nature Ecology and Evolution.

Cet article a été adapté, traduit et publié avec l’autorisation de la University of Alberta (page en anglais).

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